Je n’ai pas de patrie; je vis dans les mots vêtus de noir, en otage. Tu m’entends Mustapha Khayati? Dans la langue domine le pouvoir, en elle patrouille la police. Nous n’avons pas besoin de cercles poétiques, nous n’avons pas besoin d’autres poètes lauréats, dans mon quartier ils sacrifient les poètes vierges; rappeurs aux yeux poussiéreux et pantalons bouffants ravitailleurs de rimes aux mioches qui sniffent les mots. Tomber et se relever: l’art du poète. Tu m’entends Jean Genet? Mes mots sont des clochards, qui dorment sur les bancs de la place Klathmonos couverts de cartons IKEA. Mes mots ne parlent pas aux infos du soir, ils font le trottoir chaque nuit. Mes mots, des prolétaires, des esclaves comme moi travaillent dans les ateliers clandestins jour et nuit. Je ne veux plus de lamentations, je ne veux plus des verbes d’un peuple sans combattants; j’ai besoin d’une nouvelle langue, pas de mots de maquereau. J’attends une révolution qui m’inventera; Je désire la langue de la lutte des classes, une langue qui a goûté à l’émeute. Je la fabriquerai! Ah quelle vanité! D’accord, je m’en vais; mais regarde, dans mon visage se lève l’aube d’une nouvelle poésie. Aucun mot ne restera pris en otage, abandonné; je recherche un passage.
Traduit par Amira Khan